La masturbation dans l’enfance

La sexualité dans l’enfance

On pense généralement que la sexualité commence à la puberté, avec le rush hormonal et le développement des caractères sexuels primaires et secondaires. On exclut d’office l’enfance du champ de la sexualité. D’ailleurs, l’idée même que les enfants puissent avoir une sexualité nous paraît choquante. Pourquoi ? Peut-être parce que la sexualité est encore vue comme quelque chose d’un peu sale qui s’oppose à la pureté et l’innocence qu’on associe à l’enfance. Sans doute aussi parce qu’on est terrifié par les prédateurs sexuels et qu’on veut – à raison – protéger les enfants.

Bien sûr, la fonction reproductive de la sexualité n’est possible qu’après la puberté. Mais la vasocongestion des organes génitaux (afflux de sang) commence in utero. On observe ainsi régulièrement des pénis de fœtus en érection à l’échographie (pour les vulves, moins facile à distinguer). Et, à la maternité, les jeunes parents sont souvent surpris, en changeant une couche, de voir le pénis ou le clitoris de leur bébé qui change de forme. C’est un phénomène physiologique réflexe, qui est probablement associé dès le début à des sensations agréables.

Lorsqu’ils contrôlent suffisamment leurs gestes, les enfants commencent à explorer leur zone génitale. Au départ simple curiosité pour leur corps, ils y reviennent parce que cela leur procure du plaisir. C’est tout à fait naturel et cela fait partie intégrante du développement psycho-sexuel de l’enfant. 

On peut donc considérer que la sexualité commence dès le début de la vie. Toutefois, la sexualité de l’enfance n’a RIEN à voir avec la sexualité adulte et les deux ne doivent JAMAIS se mélanger.

 

Exploration naturelle et regard adulte

Dès le plus jeune âge, les enfants explorent donc leurs organes génitaux de manière tout à fait naturelle et spontanée. Comme les connexions nerveuses sont en place dès la naissance, cela leur procure des sensations de plaisir.

Quand leurs gestes sont assez précis (à partir de 2-3 ans environ), ils y reviennent de manière plus élaborée. C’est ainsi, souvent, que commence la masturbation.

Les petits enfants ne pensent pas forcément à s’en cacher, ce qui met beaucoup d’adultes mal à l’aise. Certains disent « ne te touche pas là c’est sale » ou « on ne fait pas ça », quand ils ne leur donnent pas carrément une tape sur la main… D’autres encore, inquiets, vont jusqu’à penser que leur enfant est « pervers ». Ces regards et ces paroles adultes marquent la sexualité du sceau de l’interdit, du tabou, de la condamnation morale. Les enfants se construisent ensuite avec cette vision de la sexualité. Et se voient interdire l’accès à leur propre corps… Cela a des conséquences sur leur sexualité adulte. Et les rend paradoxalement plus vulnérables aux violences sexuelles…

Même quand leurs expériences infantiles n’ont pas été réprimées, le sujet est si tabou que beaucoup d’adultes qui s’en souviennent pensent qu’ils ont été anormalement précoces !

C’est pourtant un phénomène parfaitement naturel qui permet de découvrir son corps, de créer un rapport sain avec celui-ci, mais aussi de développer les connexions nerveuses permettant l’accès à une sexualité adulte épanouie.

Si en tant qu’adulte, vous êtes confrontés à un enfant qui se masturbe consciemment, dites-lui simplement que c’est une activité naturelle mais qui se pratique dans l’intimité, quand il ou elle est seul·e dans sa chambre par exemple.

 

Chacun son rythme

Ces premières explorations infantiles ne se poursuivent pas toujours et beaucoup découvrent ou redécouvrent la masturbation plus tard dans la vie. Ceux-là ne sont pas plus en retard que les autres sont précoces. À chacun son rythme !

Il arrive ainsi souvent que les sensations de plaisir soient découvertes (ou redécouvertes) plus tard dans l’enfance, ou à l’orée de l’adolescence, au hasard d’une activité sportive ou ludique qui procure une pression ou un frottement sur les organes génitaux.

Bien entendu, beaucoup de personnes découvrent la masturbation consciemment à l’adolescence quand les hormones bouillonnent. Et d’autres encore à l’âge adulte, pour mieux se connaître, développer sa sexualité, se soulager d’une tension ou simplement … pour le plaisir !

Et n’oublions pas tou·te·s celleux qui ne se masturbent pas et ne se masturberont jamais et qui sont tout aussi « normaux » que les autres.

Quoi qu’il en soit, ce que l’on nomme aussi l’auto-érotisme, est une activité parfaitement légitime qui fait partie intégrante de la sexualité.